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saura s’il a vu clair ou s’il a été trompé, dans quelque temps d’ici.

B. Oui, c’est à l’œuvre que nous les connaîtrons. Il faudra bien qu’ils s’occupent de nous faire vivre.

C. Sans aucun doute, ils veulent tous que nous vivions, et ils savent bien que nous ne voulons pas continuer à ne rien faire.

B. Oh ! cela, c’est vrai ; car, pour moi, je m’ennuie beaucoup de n’avoir pas de travail, et, en supposai que je pourrais nourrir ma femme et mes petits enfants en me croisant les bras, cette manière-là ne m’irait pas du tout.

C. Ni moi non plus ; car je ne suis pas encore dégoûté de mon métier, je l’aime presque autant que ma femme, et ce n’est pas peu dire.

A. Oui, du travail, il en faut. Mais ce n’est pas facile d’en donner à tout le monde, et je ne sais pas s’ils en viendront à bout.

B. Nous sommes tout prêts à rendre cela facile en nous associant.

C. Bon ! oui, il faut s’associer, c’est cela. Mais comment s’associer ? Il faut que l’État nous en donne les moyens.

A. Il ne peut pas faire autrement, l’État. Mais ce qu’il ne pourra pas faire, c’est de nous apprendre la manière de nous associer.

C. Pourquoi donc ? C’est son devoir de nous l’enseigner.

B. Oui, s’il le sait. Mais il ne le sait peut-être pas.