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sans désaccord, que Paris vous trompe ou vous nuit, et, un beau matin, sans vous être donné rendez-vous, vous vous trouveriez tous arrivés aux portes de Paris, aussi bien ceux du Nord que ceux du Midi, de tous les coins, de tous les bouts, du milieu, des frontières, de toute la France enfin. Alors Paris céderait, parce que la France aurait la justice pour elle ; Paris céderait sans combat, comme la royauté a cédé devant la France, pendant que Paris tout seul se battait.

Mais, si Paris a raison, si Paris a obéi à Dieu et contenté les justes intérêts de tous les hommes en réclamant la République, Paris ne craint pas dix armées ; et les mécontentements mal fondés d’une partie des citoyens de la France céderont devant la justice, dont Paris a consenti à se faire le gardien.

Les ennemis de la République prétendent, mes concitoyens de la campagne, que vous voulez marcher sur Paris. Ils sont mécontents et tâchent de vous rendre mécontents. Et, comme ils sont pressés de faire du mal à la République, et de mettre la nation en danger, ils disent partout, dans les villes, que le peuple des campagnes va marcher sur Paris.

À ces propos-là, le peuple de Paris ne répond qu’une chose : « Qu’ils viennent, nos frères, nos amis de la campagne ; qu’ils accourent dans nos bras. Nous les recevrons au Champ de Mars, nous leur montrerons la vérité, nous leur expliquerons ce que c’est qu’une Révolution qui a proclamé la République ; et, au lieu de se quereller avec nous, ils fraterniseront avec nous sur l’autel de la patrie. »