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Certains riches, ne comprenant pas nos besoins et nos malheurs, qui ne leur ont jamais été exposés comme il faut, auraient emporté ou caché leur argent, ce qui nous aurait mis, pour un temps assez long, encore plus bas que nous ne sommes.

On ne fait rien de bien par force ; il y a des cas où il faut choisir entre la force et la mort d’une nation, mais ils sont bien rares, et nous n’y étions pas encore, Dieu merci ! nous avons vu cela dans notre ancienne révolution, et nous n’en avons pas tiré grand profit ; plus nous faisions menace de prendre, plus on cachait ; plus nous tentions de moyens pour retenir les biens en France, plus on en faisait passer à l’étranger, et cela nous a conduits à des colères et à des malheurs dont nous nous sommes ressentis longtemps.

Souffrons beaucoup de choses avant d’en revenir là, et, en les souffrant, nous n’y viendrons pas. Ne brutalisons pas les intérêts d’autrui, ne violentons pas les esprits, c’est notre devoir, et, en cela, c’est notre intérêt.

Mais quand le devoir est rempli coûte que coûte, il faut songer à son droit, afin qu’il ne soit pas fait abus de notre patience et de notre respect envers la loi. L’établissement de la République nous a causé ce dommage. Comme je vous l’ai déjà dit, la monarchie en continuant ses grands abus, nous en aurait causé un pire. Mais ce qui doit nous consoler et nous reconforter, c’est que La République porte le remède avec elle. Elle nous donne, pour commencer, une loi qui nous permet à tous de voter, pour choisir l’assemblée