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toire des révolutions du Mexique, une histoire que ne peuvent se dispenser de consulter tous les hommes qui voudront comprendre l’état présent de ce beau pays, et juger sainement de son avenir.

Avec quel intérêt ne lira-t-on pas les vicissitudes étranges de l’expédition de Xavier Mina ; les manœuvres politiques et militaires de cet égoïste Padre Torrès, qui compromit la révolution mexicaine pour avoir voulu la confisquer à son profit en laissant en péril son principal auxiliaire, l’héroïque Mina !

L’histoire de l’empereur Iturbide n’est pas moins accidentée, moins dramatique ni moins féconde en enseignements pour les hommes de tous les partis.

Mais le récit dans lequel l’écrivain s’élève à la plus grande hauteur comme historien, c’est celui de la vie de Santa-Anna, c’est l’étude de ce caractère si singulièrement formé des éléments les plus opposés, de cette âme romaine si fortement trempée, qui animait, par un singulier jeu de la nature, un corps sujet à des accès de sybaritisme chronique.

Les luttes de ce héros étrange, tour à tour fanatique de la légalité et vainqueur implacable, contre le généreux et magnanime Bustamente, qui eut la gloire de conclure avec l’Espagne le traité de paix dans lequel l’indépendance du Mexique fut proclamée et reconnue, ces luttes dramatiques et fécondes en incidents bizarres, sont racontées avec cette verve entraînante qui sait prêter aux événements historiques tout l’intérêt du roman le plus mouvementé. On sent que l’auteur n’apprécie pas moins les vertus et les