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Nous trouvons dans un très intéressant recueil, publié aussi à Grenoble par M. Pilot, en 1859, les détails suivants sur Blanc la Goutte.

François Blanc était né en 1662, puisque l’on constate qu’il est mort en 1742, âgé de quatre-vingts ans. Il fut marié à mademoiselle Dimanche Pélissier en 1689, et eut d’elle quatre filles et deux fils. Les quatre filles furent toutes mariées à des marchands. Les deux fils du poète moururent avant lui, dans les années 1733 et 1740, années néfastes, marquées par les terribles inondations qu’il a si bien chantées. Sa femme était morte en 1737. « Ce poète patois, dit la notice, qui a eu pour devanciers, dans son genre, Laurent de Briançon et Millet, composa différentes pièces de vers qui n’ont pas toutes été publiées. Deux principalement l’ont popularisé dans notre ville : Grenoblo malhérou et le Jacquely de le Quatro Comare. Il y a moins d’un demi-siècle que des personnes bien élevées, et pour qui la langue patoise était facile, se plaisaient à faire journellement des citations de Blanc la Goutte. » Ces ouvrages ont été édités à Grenoble une douzaine de fois. Ils sont donc encore grandement appréciés dans le pays, et ils vont devoir à la superbe édition illustrée de MM. Rahoult et Dardelet une popularité plus étendue. Tout le midi de la France voudra faire connaissance avec le poète dont l’idiome se rapproche de tous ceux des pays de langue-d’oc. Tous les amateurs de beaux dessins et de belles gravures prendront là occasion de déchiffrer sans effort un des plus faciles de ces idiomes, et de goûter un des plus gra-