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que vos regrets ne soient points stériles. Aidés de la science et poussés par l’enthousiasme, qu’ils sauvent et fassent revivre les saintes choses du passé. Grâce au ciel, le temps n’est plus où ce qui était détruit était anéanti pour jamais. À Paris et dans plus d’une ville de France, la peinture et la poésie sont venues restituer à l’histoire les conquêtes des anciennes civilisations, près de disparaître sous la pioche de la civilisation nouvelle.

Honneur donc, gratitude et sympathie à ces nobles et généreux esprits qui ne se bornent pas à chérir les souvenirs précieux de leur pays natal, mais qui conçoivent le dessein de les populariser et de les conserver à jamais. Nous devons tous nous associer à l’œuvre pieuse de ces patriotiques éditeurs de nos richesses nationales, et employer tous nos efforts à la faire réussir.

Grenoble est certainement une des plus curieuses villes de notre France ; elle offre une foule de monuments intéressants au point de vue artiste et pittoresque. Un peintre du pays, M. D. Rahoult, secondé par un habile graveur, M. E. Dardelet, a entrepris d’exhumer et de conserver l’antique aspect de la cité dauphinoise. Pendant vingt ans de travaux persévérants, il a réuni environ deux cents dessins, destinés à compléter l’album de l’Isère ; car il ne s’est pas borné à l’étude savante et à la reproduction des monuments : il a profondément compris les monuments naturels, les sites étranges, les accidents grandioses dont le Dauphiné est si riche.