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L’un de ces jeunes gens a entrepris de parler peinture. Sous une forme neuve, pleine d’allure et d’entrain, il a jeté là sa sève, comme il l’eût jetée ailleurs. Nous partageons beaucoup de ses idées sur l’art. Comme lui, nous avons chéri et admiré, au Salon de cette année, les œuvres de Delacroix, de Corot, d’Hébert, de Fromentin, de Pasini et de plusieurs autres maîtres déjà consacrés ou nouvellement acclamés : mais, comme, sauf les œuvres capitales, nous n’avons pas eu le loisir de voir attentivement cette exposition, nous n’avons pas le droit d’endosser la responsabilité de tous les jugements de M. Zacharie Astruc. Notre mission n’est d’ailleurs pas de parler peinture ici et de discuter quoi que ce soit. Appelé à apprécier le mérite littéraire de cette critique, nous avons à dire qu’elle nous paraît surtout une œuvre de sentiment. Nous l’avons lue avec un très grand intérêt, parce que nous y avons trouvé de l’esprit, de la grâce, de la gaieté, du sang, des nerfs, de la poésie, de la vie enfin. Et que veut-on de plus et de mieux ? Il y a là l’exubérance du bel âge et du tempérament méridional, un peu d’enivrement de soi-même qui ne déplaît pas, et beaucoup de zigzags pleins d’humour qui réjouissent et reposent.

L’écrivain est artiste de la tête aux pieds. Il juge avec son émotion propre, avec son imagination chaude, avec son appréciation personnelle qui ne redoute rien et personne, avec son ardeur et sa franchise d’intentions. C’est un littérateur qui se passionne et qui n’affecte pas les connaissances techniques. Il compare