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qui soulevait la draperie des fenêtres et posait un vase en cristal sur un appui. De là, redoublement de trouble, d’émotion, de curiosité, et une invincible volonté de savoir quelle est la jeune beauté enfermée dans cette prison enchantée.

Cependant il craint que les voisins ne remarquent son assiduité à épier les fenêtres ; il imagine d’acheter à un marchand colporteur, qui vient à passer, un petit miroir à l’aide duquel il peut voir ce qui se passe aux fenêtres de la maison, tout en leur tournant le dos. Bientôt il voit reparaître non seulement le bras, mais encore une charmante figure, pâle et triste, qui semble l’apercevoir et même implorer son secours. Pour le coup, il est pétrifié, et il ne serait pas plus facile de l’arracher de ce banc que s’il eût été transformé en une statue d’airain scellée sur un piédestal de marbre. En ce moment, un honnête conseiller qui le surprend dans cette situation et qui devine très bien son stratagème, lui dit : « Prenez garde, jeune homme, aux miroirs enchantés ! » — Paroles terribles ! Ce bras, ce visage, ne serait-ce point, par hasard, de pures visions ? Le miroir serait-il vraiment l’œuvre de quelque alchimiste ? Mais il se rappelle qu’il avait déjà de ses propres yeux vu le bras avant d’acheter le miroir. Il ne se laissera donc pas décourager par l’avis railleur du conseiller. Il va persévérer dans son entreprise. Que découvrira-t-il à la fin ? Nos lecteurs peuvent le chercher dans le conte intitulé : la Maison déserte. Nous les avertissons seulement qu’ils ne seront pas récompensés de leur peine. Hoff-