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De part et d’autre, vous arriveriez à de déplorables méprises, ou vous y entraîneriez le peuple, ce qui serait le plus grand des crimes contre la liberté. Vous aurez beau faire, vous ne ressusciterez pas l’esprit d’intolérance du passé. La preuve que vous ne le pourriez pas au nom des idées, c’est que vous êtes forcés de calomnier les faits pour irriter le peuple ; et, si vous réussissiez dans vos affreux desseins, si le peuple commettait des actes d’imprudente persécution, c’est vous qui seriez coupables, et non pas lui, qui aurait cru faire son devoir en comprimant, dans quelques-uns de ses frères, les prétendus ennemis de la liberté. Le peuple est un noble enfant qui ne sait pas tout ce qui se cache derrière des mots. Ne versez pas le poison dans l’âme de l’enfant, il vous le reprocherait un jour.

18 avril 1848.