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associations politiques existant en Lombardie et la proximité de la Suisse, ne fissent proclamer un gouvernement républicain. Cette forme aurait été fatale à la nation italienne, à notre gouvernement, à l’auguste dynastie de Savoie. Il fallait prendre un parti prompt et décisif. Le gouvernement et le roi n’ont pas hésité, et ils sont profondément convaincus d’avoir agi, au risque des dangers auxquels ils s’exposent, pour le salut des autres États monarchiques[1]. »

Cette idée était tellement enracinée dans les esprits, que, le 30 avril, quand déjà la guerre était commencée, et qu’il n’était plus nécessaire de dissimuler, mais seulement de vaincre, Pareto déclarait de nouveau à Abercromby que, si l’armée piémontaise avait tardé à franchir le Tessin, il eût été impossible d’empêcher Gênes de se révolter et de se séparer des États de Sa Majesté Sarde[2].

C’était sous de pareils auspices et avec de pareilles intentions que la monarchie piémontaise et les modérés marchaient à la conquête de l’indépendance. La nation, trompée, les applaudissait, eux, Charles-Albert, le grand duc de Toscane, le roi de Naples, le pape. Tant d’amour inondait l’âme des Italiens, en ces rapides et bienheureux jours, qu’ils auraient embrassé leurs plus mortels ennemis, pourvu que ceux-ci eussent porté sur la poitrine une cocarde tricolore !

  1. Pareto à Ricci.
  2. Abercromby à Palmerston.