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saient à arracher à leurs maîtres servait presque exclusivement à rendre ce cri plus fort, plus unanime et plus solennel.

Déjà, en avril 1846, la pétition adressée aux légats pontificaux assemblés à Forli se terminait, après avoir constaté les doléances des provinces, par la déclaration que les questions de mauvaise administration locale n’étaient pour les hommes de la Romagne que des questions secondaires : que la question italienne était la principale, et que le péché le plus grave de la cour papale était celui d’être le vassal de l’Autriche.

À Ancône, en août 1846, la nouvelle de l’amnistie pontificale rassemblait la foule sous les fenêtres de l’agent autrichien, et la joie s’exhalait naturellement dans ce cri : Chassons les étrangers !

À Gênes, lorsqu’en novembre 1847, le roi allait visiter cette ville, et que quarante mille personnes, applaudissant à une espérance, passaient devant lui, le drapeau arraché aux Autrichiens, en 1746, par les Génois, flottait au-dessus de ces masses, comme le programme éloquent de leurs vœux. Il en fut ainsi partout et chez tous.

Metternich comprenait les tendances nationales du mouvement. « Sous le drapeau des réformes administratives, disait-il au comte Dietrichstein, dans une dépêche du 2 août 1847, les factieux tâchent d’accomplir une œuvre qui ne pourrait rester circonscrite dans les États de l’Église,, ni dans les limites d’aucun des États dont l’ensemble forme la péninsule italienne. Les factions cherchent à réunir ces États dans un seul