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leurs chaînes. L’écrit de Mazzini démontre jusqu’à l’évidence deux grandes vérités que les nations en travail de liberté n’ont pas assez comprises : la première, propre à l’Italie, c’est qu’elle ne pourra jamais conquérir son émancipation par les princes, et qu’elle doit se rallier autour du principe républicain, qui est l’ancre de son salut ; car, indépendamment des prodiges de courage et d’enthousiasme qu’une foi nouvelle peut seule enfanter, cette nation ne peut pas rester en arrière du mouvement européen qui entraîne fatalement la démocratie vers la république. C’est en reconnaissant cette forme logique de toute organisation démocratique qu’elle sera au niveau des grandes tendances de l’avenir.

La seconde vérité démontrée par Mazzini, et qui est universelle, c’est que les nations ne peuvent rien isolément, et que la politique étroite et impassible du chacun pour soi mène droit à la tombe. La ligue des rois n’est pas dissoute, elle sera toujours puissante contre la désunion des peuples, Que le peuple français, celui qui semblait marqué par les destins pour être l’initiateur de tous les autres, ouvre son cœur et son esprit à de nouvelles notions sur ce qu’on appelle la politique étrangère. Il est temps, car la coalition des princes travaille toujours, elle se resserre et s’approche. La France croit qu’il lui est impossible de donner jamais au monde le déplorable spectacle que l’Italie vient de fournir. Nous aussi, nous le croyons ; mais, si nous le croyons, c’est parce que l’idée dont nous parlons se répand en France ; car cette idée seule peut