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regrettable, c’est la précipitation avec laquelle nous accusons des républicains qui seraient immédiatement remplacés, au grand désavantage de notre cause, en ce moment, s’ils se décourageaient de la rude tâche que leur font, depuis quelque temps, leurs ennemis et même leurs amis.

Pardonnez-moi, mon cher confrère, de n’être peut-être pas de votre avis sur ce point. Laissez-moi toujours la liberté d’exprimer toute ma pensée à côté de la vôtre. Ce vous sera une garantie de plus de mon concours assidu, s’il vous paraît désirable. Je sais que vous me trouvez trop de candeur en politique. Mais ceci est un sentiment personnel sur un fait que je n’ai pas sous les yeux, et que je juge à distance en lisant les comptes rendus des journaux. C’est peut-être une condition favorable pour le juger sainement. Vous savez que, si je ne croyais pas à la sincérité de ceux que je défends, ma pensée se séparerait absolument de la leur, et sans autre regret que celui de m’être trompé.

Fraternité !

Nohant, 8 juin 1848.