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Quant à la Commission exécutive, il aurait fait beau voir qu’elle s’opposât à l’action de la justice, et que MM Portalis et Landrin, persistant dans leur conviction, eussent donné leur démission avant d’agir ! Quels cris n’eussent pas jetés les journaux ennemis, et même les nôtres ! Louis Blanc eût été condamné sans être entendu par toutes les opinions peut-être, et l’Assemblée nationale elle-même n’eût-elle pas été indignée de voir l’autorité du pouvoir exécutif se substituer à la sienne pour trancher a priori, et à l’insu de l’Assemblée, une question de cette nature et de cette importance ? C’est pour le coup qu’on lui eût reproché, d’une part, sa faiblesse coupable envers un ancien collègue, de l’autre, la prétention d’usurper des pouvoirs illimités, une initiative politique contraire au droit suprême de l’Assemblée ! On eût été probablement jusqu’à dire que la Commission exécutive faisait partie du grand complot ! car rien ne coûte a une opposition systématique, toujours décidée à blâmer, quelque parti que prenne le pouvoir. J’ai la certitude que MM. Portalis et Landrin ont porté dans leur conduite une parfaite intégrité, et j’ai beau chercher un coupable dans cette fâcheuse affaire : je n’en vois point par le fait, à moins que le maire de Paris n’ait encouragé trop longtemps et démenti trop tard une insigne calomnie. Mais cela est impossible à supposer, et ce qui est coupable, c’est l’acharnement avec lequel la réaction veut découvrir un mystère d’iniquité dans une suite de malentendus et d’incertitudes que la situation rendait inévitables. Ce qui est