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remment, et d’ailleurs le peuple n’est pas ergoteur. Il profite et se tait en attendant qu’il agisse.

Un simple aperçu des projets de la commission du Luxembourg suffirait pourtant pour démontrer aux esprits sincères que les idées de Louis Blanc, sur la situation, sont immédiatement praticables, et qu’elles offrent la solution la plus simple, la plus facile et la plus équitable du terrible problème de la misère.

Il ne s’agit ici ni de l’égalité des salaires (question purement accidentelle), ni de l’absorption de la propriété individuelle au profit de l’État. La commission développe simplement un projet dé colonies agricoles et industrielles et propose la création d’entrepôts publics de marchandises.

Il ne manque en France ni de landes à défricher, ni d’étangs à dessécher, ni de terrains marécageux à assainir. La population est mal répartie sur le territoire. Les campagnes manquent de bras, les villes en ont trop. Là est la principale cause du désordre dans la production et dans la consommation. Personne n’en doute aujourd’hui.

Or, voici l’utopie de Louis Blanc :

Il demande que, dans chaque département, l’État fonde une colonie instituée sous le régime de l’association, où l’on obtiendra non seulement des produits agricoles, mais aussi des objets de première nécessité ; où il y aura des forgerons, des tailleurs, des cordonniers, des bourreliers, etc., en même temps que des cultivateurs.

L’État pourra alors remplir sa fonction sociale,