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C’est toujours Dieu qui agit par les hommes, et quelquefois sa volonté mystérieuse est de rendre fécond ce qui paraissait stérile.

Quant à Louis Blanc, c’est un devoir pour nous de prendre acte de son rôle dans cette courte et mémorable phase révolutionnaire que nous venons de traverser. L’histoire ne s’arrête jamais, et chaque note fournie par les contemporains lui servira dans l’avenir. Il n’est rien d’insignifiant pour elle, et, lorsqu’un grand trouble, une grande confusion emportent les événements dans un tourbillon d’appréciations contradictoires, il est bon qu’une parole calme résume les émotions de la veille et les soumette à la discussion du lendemain.

Sans daigner faire aucune attention à la valeur des travaux de la commission du Luxembourg ; sans tenir compte de la grandeur de l’intention première, du dévouement des hommes qui ont consenti à risquer leur popularité dans un essai terrible ; sans respect pour le nom, le caractère, l’intelligence, le courage et la foi de ceux qui, de part et d’autre, travailleurs de la pensée et travailleurs de l’industrie, se sont associés pour une recherche à la fois ardente et sérieuse des moyens de salut public, l’esprit conservateur s’est élevé contre un seul point de détail, dont il s’est fait, contre Louis Blanc personnellement, une arme toute personnelle. On n’était pas d’abord courageux au point d’insulter les délégués du Luxembourg, dépositaires présumés de la pensée, ou tout au moins ; de l’aspiration des masses. On a même, dans