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se laisser conduire, atteler et battre comme le bœuf et l’âne, ce Jésus-là est un faux dieu, et s’il faut pour, être chrétien calomnier à ce point la justice et la bonté divines, le peuple n’est pas chrétien. Prêtres, choisissez, ou des chrétiens qui rejettent les mystères et adoptent l’Évangile, ou des fous, des niais, des hypocrites qui adoreront l’idole et ne comprendront que le règne du mal, l’antique fatalité païenne. Mais, si le peuple est chrétien dans ce sens que la philosophie chrétienne, dans toute sa pureté et avec toutes ses promesses, devient son idéal et sa foi, cela ne satisfera point les prêtres. Ils diront que le peuple est sans religion ; ils ne daigneront même pas le traiter d’hérétique ; ils le condamneront comme athée, et, dès à présent, les anciens croyants pensent qu’une religion sans dogme inflexible et sans culte consacré n’est pas une religion. Nous allons examiner la valeur de cette assertion, que l’usage et l’habitude font paraître assez plausible.

10 mai 1848.


II

LE DOGME DE LA FRANCE

On nous a toujours dit qu’une philosophie sans dogme et sans culte n’était pas une religion. C’est peut-être parce qu’on l’a toujours dit que cela n’est pas vrai. Il