rit pas ; il les aime. Personne, à cet égard, n’a mieux peint l’esprit allemand que Henri Heine.
Quanta nous, continuai-je, nous avons lu les conte ? d’Hoffmann avec un plaisir extrême : mais l’impression que nous en avons reçue n’a pas modifié nos habitudes de logique, notre impérieux besoin de la recherche des causes, et, par conséquent, cette raison un peu froide et railleuse qui scandalise l’Allemand. J’avoue que rien n’est plus risible que l’esprit fort qui veut tout expliquer sans rien savoir ; mais il y a une autre faiblesse qui consiste à s’interdire toute explication, bien qu’on ne manque pas de science, et qui n’est pas moins ridicule. Voilà, je crois, la différence entre les deux nations. Le Français, par amour du vrai, nie ou méconnaît toute vérité nouvelle ; l’Allemand, par amour du fabuleux, refuse de constater la vérité qui contrarie ses chimères. Mais, je vous le répète, descendez au cœur du peuple ; vous trouverez dans les grandes villes une population intelligente et active, qui, bien qu’initiée à la raison et à la logique des hautes classes, se souvient encore des traditions de son enfance et des contes de sa nourrice villageoise. Et si vous voulez aller au village, sans vous éloigner beaucoup de Paris, vous trouverez la fable de Freyschütz aussi vivante dans les imaginations rustiques que vous venez de la voir sur ce théâtre.
— Je serais curieux de m’en assurer, dit mon cosmopolite.
— Eh bien ! repris-je, allez un peu causer avec les gardes forestiers et les bûcherons de la forêt de Fontainebleau. Ils vous raconteront qu’ils ont entendu, dans les nuits brumeuses de l’automne, passer la chasse fantastique du Grand-Veneur. Il en est même qui ont rencontré cette chasse terrible, ces biches épouvantées fuyant devant la meute bruyante, et ces grands lévriers dont la