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vous trouverez au mot politique vingt acceptions différentes. Les auteurs cités ne sont nullement d’accord. Selon les uns, c’est Fart de tromper les hommes ; selon les autres, c’est l’art de les rendre heureux. Dumarsais veut que ce soit par l’expérience, Locke veut que ce soit par le bon sens qu’on les gouverne. Mably proclame que la politique c’est la morale des nations entre elles ; Vauvenargues établit que ce sont leurs intérêts réciproques ; l’esprit du gouvernement anglais établit que c’est l’intérêt des riches de l’Angleterre. Enfin, c’est tantôt « la morale appliquée au gouvernement », et tantôt « une manière adroite de se conduire pour le succès ». Il y en a pour tous les goûts. — « La véritable politique, dit Dumouriez, ne peut être que l’amour éclairé de la patrie." » — « La bonne politique, dit Addison, c’est la franchise et la probité. » — La plus mauvaise politique est de mentir, » disait Voltaire ; et Pétion a dit : « Il n’est pas toujours bon d’être trop politique. »

De ces différences dans l’acception du mot politique, il faut conclure que ce mot, par lui-même, n’exprime qu’un acte de la volonté humaine et n’implique pas l’idée du bien ou du mal. Sa véritable et antique signification, art de gouverner, réduit la politique à un fait assez brutal. L’esclavage antique, les tortures de l’inquisition, l’exil en Sibérie, le knout, la traite des noirs, le mont Saint-Michel, ont fait et font encore partie de l’art de gouverner les hommes. D’après l’opinion de tout un parti, M. Guizot est un très grand politique. L’opposition, en parlant des adver-