Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours les moins bêtes et ils croient à toutes ces sornettes-là.) « Alors, qu’ils disent, il n’y a qu’un moyen pour qu’on ne nous fasse pas tort d’un boisseau de blé ni d’une fourchetée de foin : c’est de les empêcher d’avoir du bestiau ; c’est de vendre le communal. Après ça, nous verrons comment ils nourriront tant de bêtes. Ça ne fait-il pas horreur au monde de voir des gens qui n’ont pas un pouce de terre en propre se permettre d’avoir tant d’animaux ? »

Il y en a bien qui répondent : « Prenez garde ! quand ils n’auront plus la commune, ils enverront leurs bêtes chez nous sans se gêner ; ils deviendront insolents ; ça sera comme une guerre, et il faudra être toujours sur la défense, la loi à la main, faire punir et par conséquence être exposés à leurs revanges plus que nous ne le sommes à présent. »

Mais il y en a qui répondent ; « Soyez donc tranquilles, on va embrigader les gardes champêtres. Ça sera comme autant de gardes particuliers, comme autant de gendarmes que nous aurons à notre service. On arrange ça si bien que nous n’aurons plus le droit de faire grâce. Nous nous laverons donc les mains du dommage, et le malheureux ne pourra plus s’en prendre à nous. »

Voyez, messieurs, comme tout ça est bien arrangé, de vrai, comme ça se tient, et comme nous voilà tenus, nous autres, bâtés, enfargés et enlicotés !

Mais il y a les câlins, les bons apôtres, les jésuites de la propriété, qui viennent pour nous endormir avec des beaux raisonnements. « Mes enfants, qu’ils disent,