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bien ; ouvrez-les, vous irez, de par lui, à l’hôpital. Vous vivez donc toujours dans la crainte, non d’un seul comme autrefois, lequel du moins, quand il était pieux et sage, par bonne chance, vous protégeait contre le voisin, mais de vingt ou trente maîtres qui se soutiendront tous contre vous au besoin.

Tant qu’à l’impôt et aux prestations en nature, voyez un peu, bonnes gens, si ce n’est pas, sous d’autres noms, la redevance et la corvée ! À qui va, à quoi sert, à quelles gens profitent l’argent ainsi que le travail qu’on nous impose ? On dit que ça sert à ce que nous soyons bien gouvernés ! Quelle part avons-nous, nous qui ne votons sur rien, aux bienfaits d’un beau gouvernement ? D’abord est-ce nous qui l’avons fait ? nous en rend-on compte, savons-nous ce qui s’y passe ? On dit que nous sommes trop bêtes pour savoir ce qui nous fait besoin, ce qui nous est dû ; on dit que nous l’avons consenti, ce gouvernement, parce que nous ne nous sommes pas révoltés contre. Nous ne sommes pas méchants, Dieu merci ! Nous ne connaissons pas, au pays dont nous sommes, la colère et les mauvaises paroles. Quand le bon Dieu nous envoie la grêle, nous ne disons pas d’injures, nous ne montrons pas le poing au bon Dieu. Nous craindrions que ça ne nous portât malheur et qu’il ne nous en arrivât pire. Nous nous plaignons tout doucement, nous prions pour le beau temps, et le beau temps finit toujours par arriver. Mais, avec les gouvernements, le bon temps ne nous arrive jamais, et nous avons beau prier, on nous écoute si peu qu’on dit au roi que son