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autres corps d’état, lorsqu’ils travaillent la nuit, elle leur est payée double, et nous qui passons toutes les nuits et une partie des jours à suer sang et eau, voilà comment nous sommes récompensés. Tous ces détails que je vous dis, c’est l’exacte vérité, et je suis prêt à le prouver s’il le faut. Ainsi je vous supplie, au nom de l’humanité et de tous mes semblables, de vouloir bien avoir la bonté de faire mettre cela dans les journaux, à seule fin que les personnes de bien prennent nos intérêts et nous mettent sous leur protection, puisque le préfet de police n’a pas répondu à la demande que nous lui avons faite.

« Je suis, etc.

» G.,
» Ouvrier boulanger. »


Voilà le tableau énergique et brutalement vrai des souffrances de l’ouvrier. Et quel ouvrier ! celui qui prépare le plus nécessaire de nos aliments, l’aliment réputé le plus pur et le plus sain ! Une insigne malpropreté, dont l’ouvrier lui-même est révolté et qui, lui coûte la santé et la vie, préside à ce travail qui, dans une société bien organisée, devrait être honoré comme une fonction noble et quasi religieuse. C’est le pain que la religion a choisi pour le symbole eucharistique, comme le don le plus précieux que la terre offre aux hommes et qui offre réellement l’image de la communion universelle, puisque tous les hommes civilisés, depuis le plus riche jusqu’au plus pauvre, en font la base de leur nourriture. Eh bien, le boulanger