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pas qu’il faut faire taire l’amour de la liberté pour sentir celui de la patrie ; car ceci, c’est un blasphème. L’un de ces amours se puise dans l’autre : l’amour de la liberté, c’est l’amour de l’humanité, et les âmes vraiment héroïques le comprennent ainsi, même dans le formidable enivrement des batailles.

Nohant, 31 août 1870.




POST-SCRIPTUM

Cher ami, je t’écrivais il y a quatre jours. Attendons ! Paris n’a pas attendu. Il s’est levé, il a proclamé en même temps la patrie et la liberté ; il les a proclamés sans violence, sans menaces, dans un sentiment de fraternité admirable. Voilà du moins ce qu’on m’écrit, ce que je sais jusqu’à présent. Les dépêches nous apportent des noms aimés, dignes de toute la confiance du pays. Nos populations centrales, affolées de terreur et de colère, vont se ranimer et savoir ce qu’elles font en marchant à l’ennemi, Paris aura proclamé la République sans effusion de sang ; je n’osais le rêver ! Qu’il sauve la patrie à présent, comme il a sauvé l’honneur et l’humanité !

Nohant, 5 septembre 1570.