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d’infâmes provocations. La France, toujours en tête de l’action, possède une arme que les Teutons ne lui arracheront pas, et qui est l’engin suprême des batailles de la volonté : le suffrage universel. J’ai entendu beaucoup maudire, dans ces derniers temps, même par des hommes sérieux, cette arme redoutable qui s’est tant de fois retournée dans nos mains pour nous blesser. Mais il en est ainsi de toutes les armes dont on ne sait pas se servir. Celle-ci est le salut universel de l’avenir. C’est cette mitrailleuse-là qui doit résoudre pacifiquement toutes les questions réservées dans les jours de trouble et d’épouvante, ne l’oublions pas !

Le jour où elle fonctionnera bien, les fautes des pouvoirs, quels qu’ils soient, deviendront impossibles Dès aujourd’hui, éclairons-nous de nos revers. Battons-nous aujourd’hui, cela n’empêchera pas de réfléchir demain, et notre cruelle épreuve ne sera peut-être pas perdue. Mais ne croyons pas ceux qui nous disent que raisonner et comprendre sont des crimes d’État. Si l’on pouvait rire encore en ce temps désastreux, si le sang du cœur ne coulait pas par toutes les blessures de nos pauvres soldats, on trouverait plaisant ce cri des majorités en détresse : « Ne nous reprochez rien, réparez nos fautes ! »

Et cet autre axiome digne de Brid’oison : « Vous compterez après la bataille. » Quoi ? que compterons-nous ? Aurons-nous autre chose à faire que d’embrasser nos vaillants frères noirs de poudre, de jeter des fleurs à ceux qui reviendront debout, de donner des