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sion l’unité nationale et l’écrasement total de l’étranger. Ceci n’étant point une discussion de principes, mais un cri de notre cœur vers l’Italie et la liberté, nous ne parlerons que du trio très extraordinaire et très significatif qui représente en ce moment les trois termes subitement rapprochés de la crise : hier, aujourd’hui, demain. Deux de ces hommes se ressemblent beaucoup : Victor-Emmanuel, s’il n’avait pas la douleur d’être roi, serait avec Garibaldi sous la tente. Retenu par des considérations respectables et des engagements impérieux, il est forcé d’attendre le moment où vox populi, vox Dei consacrera son droit et son devoir, le plus sacré des droits politiques quand on en est investi par l’appel ardent des masses, le plus beau de tous les devoirs, celui de constituer une grande nation vivant par elle-même. Le roi Victor-Emmanuel représente donc le droit de l’Italie, et ce droit, par une faveur de la Providence, tombe aux mains d’un homme proverbialement loyal. Disons, en passant, que la qualification populaire de re galantuomo n’est pas traduite suffisamment par notre mot d’honnête homme. Notre vieille locution française de galant homme est beaucoup plus littérale. Elle exprime une nuance plus italienne et par conséquent plus vive. Elle implique quelque chose de plus qu’une vulgaire et inoffensive probité, elle entraîne l’idée de bravoure et de fierté chevaleresque.

Entre ces deux âmes brûlantes, un esprit tenace et profond protège le destin de l’Italie. Guai ! malheur, comme disent les Italiens, le jour où la sagesse et la