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seule fois entravé ou contrarié les plans réguliers de l’armée alliée ; et, tout au contraire, Garibaldi, entouré de héros invincibles, à la fois téméraires comme des lions et rusés comme des renards, a poursuivi à sa guise et à sa manière son œuvre personnelle, lancé en avant aux flancs de l’expédition comme un boulet qui ricoche, comme un brûlot qui surprend et dévore, mais surtout comme un apôtre qui persuade, soulève l’indignation, ranime les courages et brise les fers en criant au peuple opprimé : « Aide-toi, le ciel t’aidera ! »

Et on s’est méfié en France, quelque part, sous l’influence de souvenirs brûlants, de cet homme de fer et de cette âme de feu, sans comprendre la grandeur de sa conduite et de son dévouement. C’est l’ennemi du nom français, disait-on ; c’est le défenseur de Rome ; lâchons le mot, c’est un républicain et un socialiste.

À présent, il faut bien se taire, car, républicain ou non, constitutionnel ou radical, disciple de Manin ou de Mazzini, il est là, ne devant pas permettre qu’on lui demande compte de son opinion, et bravant chaque jour la mort pour le triomphe de la cause que les rois ont embrassée. Et les rois ont confiance en lui, sans que le peuple songe à en douter, sans que les anciens et les nouveaux amis du grand partisan se battent dans son cœur ni autour de sa gloire, sans qu’une voix s’élève en Italie pour lui reprocher d’avoir trop fait pour la république hier et de trop faire pour la royauté constitutionnelle aujourd’hui.