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l’avenir. Il nous semble qu’il y a un très simple moyen d’éprouver la certitude de l’intervention divine sur laquelle on peut compter en effet : c’est de s’assurer que la cause qu’on lui livre est réellement digne d’elle. Quand cette cause est juste, Dieu parle, il consent à être béni comme Dieu des armées, il met dans le sein des hommes qu’il suscite une sainte fureur a laquelle rien ne peut résister et une abnégation digne de ces temps anciens que l’on est convenu de vanter et qu’à chaque instant le présent surpasse, même aux époques de lassitude, de scepticisme et de raillerie. L’homme est ainsi fait, Dieu merci, et ce n’est pas un rêve de le croire. Isolément, vous le trouveras toujours et partout pétri des mêmes misères, imbu des mêmes erreurs et incapable de se rendre heureux ou sage, tranquille ou fort dans son œuvre personnelle. Mais toujours et partout vous le trouverez capable de ressentir ces grandes commotions électriques, grâce auxquelles, à un jour donné, tous deviennent sublimes.

C’est que l’homme est plus grand et meilleur qu’il ne le croît et qu’il ne le sait. Tout son mal est d’avoir encore la vie matérielle trop difficile sur la terre. Il s’y absorbe, il oublie que, plus il se détache de l’intérêt commun, plus il s’affaiblit et se ruine. Il lui faut des cataclysmes pour sentir que sa vie est celle des autres, comme celles des autres est la sienne.

Mais aussi comme il le sent bien quand l’élan est donné ! comme cette vie supérieure coule en lui à pleins bords, comme elle le grandit, comme elle l’en-