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que vous redoutez. » Mensonge ! l’histoire tout entière vous crie, de son côté, que les idées se dégagent de la mort, comme les plantes du germe en dissolution.

On n’échappe point au règne des idées. Quand leur temps est venu, la persécution leur donne tout leur développement. À vrai dire, ce ne sont pas les idées par elles-mêmes qui vous effrayent, vous les avouez bonnes, et vous avez continué de nous dire : « S’il était possible que, sans faire de mal à personne, op fît du bien à tout le monde, nous vous aiderions. » — Ce que vous redoutez, c’est l’ébranlement, ce sont les déchirements, les convulsions, les désastres qui ont marqué jusqu’ici les transitions sociales. Vôtre crainte est légitime, et, s’il fallait qu’un incendie général dévorât l’humanité pour la faire renaître de ses cendres comme le phénix, peu de gens seraient assez fanatiques de rénovation pour allumer le feu.

Mais ces convulsions, ces désastres sont-ils donc inévitables ? Quelque ardentes que soient les idées, si elles doivent avoir des avantages et des dangers, ne voulez-vous donc compter pour rien devant les flots de l’avenir, pour encourager ce qu’il y aura d’excellent, pour entraver ce qu’il y aura d’excessif ? C’est là votre mission pourtant ; mais savez-vous bien que vous y manquerez, savez-vous bien que vous serez impuissants, si vous vous laissez déconsidérer et annihiler par une froide adhésion aux excès des hommes du passé ? Si vous ne vous jetez pas entre les combattants pour empêcher les excès et les vio-