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dégagée de voiles et la conscience si parfaitement délivrée d’hésitations, que pas une voix ne s’élèvera contre la vérité dans les conseils des hommes.

Mais, jusque-là, dira-t-on, entre l’expression imparfaite à laquelle le présent nous condamne et l’expression satisfaisante que l’avenir nous promet, n’est-il point d’heure propice où l’on puisse consulter avec une entière confiance le consentement unanime ?

Oui, à toutes les époques de l’histoire, il y a de ces heures décisives où la Providence tente une épreuve et donne sa sanction à la véritable aspiration, au consentement électrique des masses. Il y a des heures où l’unanimité se produit à la face du ciel, et où la majorité ne compte plus devant elle.

Nous venons d’assister à une de ces grandes épreuves où l’humanité s’éveille, se lève, se réunit spontanément et vote comme un seul homme. Que ce souvenir, quelquefois unique dans un siècle, ne s’efface pas, et que son sens profond ne se perde pas, ne s’éteigne pas avec le bruit d’une fête et les flambeaux d’une soirée d’enivrement. Que le soleil qui s’est couché hier sur notre enthousiasme ne reparaisse jamais" sans nous rappeler qu’à une heure donnée nous avons saisi l’unité d’une pensée dans le cri d’un million de voix. La France va nous donner, pour élaborer le travail d’une constitution nouvelle, l’expression de la majorité. Nulle part cependant cette expression n’aura été celle de l’unanimité. Hier, Paris a signé le pacte de la fraternité absolue, dans un de ces moments où le miracle de la raison s’empare des