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l’égalité au régime de la caste, l’association à la concurrence et au monopole, fléaux distincts dans le principe, fléaux identiques dans ces derniers temps. Il s’agit de ne pas écrire le principe de l’égalité comme épigraphe à notre nouveau Code, pour qu’ensuite tous les articles du Code en détruisent l’application.

C’est donc un devoir nouveau, un devoir mûri pendant plus d’un de mi-siècle, que la république de 1848 implante sur celui qui a été proclamé en 1789. Nous ne nous retrouvons pas dans des circonstances identiques, mais analogues ; notre devoir est plus grand, mieux compris et plus beau ; les partis ont changé de nom, mais ce sont les mêmes intérêts égoïstes contre lesquels il nous faut lutter, et, comme nos pères, il nous faut lutter avec courage et persévérance.

Le devoir a trois phases d’application : celui que le présent nous impose est en lutte avec celui que le passé nous rappelle et avec celui que l’avenir nous fait entrevoir. Il faut donc que le présent tienne compte de ces trois termes ; qu’il ne rompe pas trop violemment avec le passé, et pourtant qu’il ne ménage pas le passé au point d’enchaîner l’avenir. Là est la difficulté et la responsabilité, car nous sommes à la fois passé, présent, avenir. La solidarité entre les générations est indestructible. Le malheur de nos devanciers est notre malheur, la gloire de notre postérité est notre gloire.

Voyons quels sont les droits du passé, afin de Bavoir quels sont nos devoirs envers lui.

Le passé nous crie : « Vous me détrônez, vous me