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celle de demain sera plus claire encore, et le progrès l’épurera, de jour en jour, jusqu’à la fin des siècles. »

Non, la vérité n’est pas modifiable et relative. Elle est avant cous, et hors de nous plus brillante qu’en nous ; elle est en Dieu, elle est la loi de l’univers. Nous ne sommes que les interprètes et les applicateurs de cette loi divine. Il y a une vérité absolue qui n’a pas besoin de s’éclaircir et de progresser dans le sein de Dieu, car le temps n’existe pas pour lui, et le progrès ne s’explique que par la marche du temps.

Mais, si la vérité est immuable, si elle est debout dans l’éternité, le sentiment que nous avons de cette vérité est éternellement modifiable et relatif. Le progrès est notre œuvre. Dieu, qui nous l’a donné pour loi, nous a rendus propres à le créer en nous-mêmes et dans nos sociétés. Il est donc faux de dire que la vérité par elle-même n’est qu’un idéal flottant et progressif ; mais il est très vrai de dire que l’intelligence et l’application de la vérité varient, s’épurent et grandissent dans la conscience de l’humanité.

Sans cette distinction, comment expliquerait-on le progrès ? Le progrès de l’homme est "une course ardente, pénible et continue vers un but. Si ce but n’existait pas par lui-même, nous serions donc éternellement lancés à la poursuite d’une chimère, et les sceptiques auraient raison de nous dire que la vérité change et que le caprice ou le hasard président seuls à notre fatale et impuissante recherche.

On le voit, il est impossible de rien comprendre, et il serait permis de ne rien accepter dans ce qui se passe