Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour cela qu’elle n’est plus rien. Les rois sont aussi vieux qu’elle, et les rois ne sont plus que des hommes.

Que les hommes libres travaillent maintenant à établir, sur le principe inviolable de leurs droits, les principes d’une société nouvelle. Ce droit est illimité, en ce sens qu’il n’a de limite que dans le devoir. Le devoir est facile à établir sur un principe aussi net et aussi, sûr que le droit, c’est que chaque homme a des devoirs envers tous, et tous envers chacun.

Nous parlerons des devoirs dans un prochain article, car, là aussi, il y a des définitions à chercher et à soumettre au consentement du peuple.

L’Assemblée constituante de 1789 s’en est beaucoup préoccupée. Elle a établi le droit mieux que le devoir ; l’un et l’autre ont été formulés d’une manière très avancée pour le temps, très insuffisante aujourd’hui.

Peuple, tu as à refaire cette grande œuvre, n’attends pas qu’on t’en parle pour la première fois, lorsque tu entreras dans l’exercice de ta souveraineté. Penses-y d’avance, médite, relis les travaux de la première assemblée constituante afin de les corriger et de les améliorer. Que le frère consulte et instruise son frère, au club, sur la place publique, à la table frugale, au foyer domestique, partout, chaque jour, à toute heure. Le temps presse. Les événements nous arrachent à la réflexion, la misère nous accable, le souci du lendemain nous torture…

N’importe ! nous vivons dans le temps des miracles. L’esprit est surexcité, les forces sont décuplées, le cœur est ému. La faim, la fatigue, l’insomnie, toutes