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apprendre ce que c’est que d’être citoyens, et nous ne compterons plus comme des chefs d’aumailles, mais comme des hommes, qui raisonnent et qui comprennent.

Tant qu’à nommer nos députés, il aurait été à souhaiter qu’on nous eût laissé un peu plus de temps pour nous retourner. Nous sommes pris de bien court, et nous ne connaissons pas encore, nous qui sommes de la campagne et qui ne nous sommes jamais occupés de ces choses-là, les hommes qui donneraient confiance à notre paroisse et à tout le département ; car ce ne sera pas le tout d’avoir dans là commune un homme qui nous conviendrait, il nous faudra encore savoir si cet homme-là convient à beaucoup de monde dans les autres communes du département : autrement, nous nommerions des députés qui ne plairaient qu’à nous ; comme chaque commune ferait la même chose, et, comme il faut que les députés aient au moins deux mille voix pour passer, toutes les voix se trouveraient perdues et nous n’aurions pas de députés du tout. Il faudra donc qu’on s’instruise et qu’on s’entende avec les autres endroits, et, pour cela, nous serons souvent obligés de nous en rapporter à la parole des bourgeois qui voyagent plus que nous, qui sortent souvent de la commune et connaissent le monde de tout le pays.

C’est là tout le danger que nous encourons ; on ne peut pas nous forcer, on ne peut pas nous empêcher, mais on peut nous dire des menteries et nous tromper. C’est à nous de savoir si les gens qui nous donneront