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effet, que la France aujourd’hui, moins Paris, sinon une grande solitude ? et l’on appelle cela centralisation ! La Révolution n’a fait qu’achever la concentration-monarchique de la France. Après elle, donc, Louis XIV a reparu dans une figure plus grandiose, dans Napoléon. L’un comme l’autre a dit : « L’État c’est moi ; et où je suis, là est l’empire. » Et maintenant, sous l’influence funeste d’un gouvernement qui n’a d’autre idéal que l’imitation du passé, et qui, à défaut de force, sait arriver au résultat qu’il désire par la corruption ou par lu ruse, ne dirait-on pas une guerre d’extermination sciemment entreprise et résolue dans le but d’enchaîner la France sous le rapport intellectuel et moral, et de l’exploiter sous les autres rapports, comme une esclave abrutie et obéissante ? L’embastillement de Paris n’est-il pas la consécration évidente de ce mépris pour l’esprit de la France ? Cette prise de possession d’une ville qui ne représente plus apparemment que les forces cruelles de la guerre, n’est-elle pas un acte de rupture cynique avec les forces morales de l’intelligence et du sentiment national ? « Envahissez, ravagez la France, semble-t-on crier aux puissances étrangères, peu nous importe ! notre tâche n’est pas de la préserver, et son rôle est de se défendre elle-même, comme elle le pourra, comme elle l’entendra. Notre affaire, à nous, c’est de conserver Paris ; car Paris est tout, Paris suffira pour ressusciter la France quand vous l’aurez mise au tombeau. » Vaine promesse ! inutile bravade ! Paris, qui ne vit que par la France, ne saurait jamais lui rendre en bloc ce