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n’auras plus jamais besoin de frapper, car personne n’osera jamais plus te porterie premier coup. Que tes vivantes murailles s’interposent tranquillement pour forcer l’humanité au respect d’elle-même. Cette muraille est invincible ; c’est la pensée d’un grand peuple ! Elle sera aussi impénétrable au souffle de l’imposture qu’elle l’a été à la mitraille du canon.

Je ne parle point ici, en particulier, à quelques-uns qui ont encore l’instinct de la violence, et qui brisent par ignorance, en quelques endroits, ces machines destinées à devenir le salut de l’ouvrier. Il n’est point de famille où il n’y ait quelque enfant terrible ; et, quand on parle à la famille, c’est par le silence gardé en public sur les fautes individuelles qu’on fait sentir ces fautes à l’individu. Mon rôle n’est point ici de faire une police de détail. C’est toi que cela regarde, peuple justicier, qui te moralises et te réprimes de ta propre voix et de tes propres mains. Quelques incidents fâcheux ne dérangent rien à l’harmonie des choses humaines, imparfaites de leur nature, encore une fois, parce qu’elles sont perfectibles. Ce qui te domine, peuple, chère et grande famille, c’est la pensée de l’ordre. Tu trouves la société dans un désordre affreux, et tu es soudainement inspiré par une pensée de haute sagesse, c’est qu’on ne corrige pas le désordre par le désordre. Quelles que soient les nuances infinies de ta croyance sociale, ton premier soin est de maintenir la société dans l’état où tu la trouves. Tu sais que c’est le seul moyen de la modifier et de la changer. Tu sais qu’en la passant sous le rouleau, tu ne fertiliserais pas