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qu’il faut conserver à tout prix ; c’est le droit de penser, de parler, d’écrire ; c’est le droit de voter et d’élire les représentants, source de tous les autres droits ; c’est le droit qu’aucune forme monarchique ne peut consacrer ; c’est le droit de vivre ; c’est l’unique moyen de te rapprocher promptement de tes frères des autres classes, et de faire le miracle de l’union fraternelle qui détruira toutes les fausses distinctions, et rayera le mot même de classes du livre de l’humanité nouvelle.

Ô peuple de France ! tu as été si grand et si magnanime dans ton dernier combat, que tu as forcé tout ce qui ne t’aimait pas à t’estimer et à te respecter. Il y a un prodige qui frappe quand on regarde à tous les étages de la société, c’est que la plupart de ceux qui croyaient te haïr hier se trompaient, et l’avouent de bonne foi. Ils redoutaient en toi un être imaginaire, le fantôme d’un peuple terrible, exaspéré, qui n’a jamais existé comme ils se le représentent, et dont les fureurs ont été des heures exceptionnelles dans ta longue et patiente existence. Ce fantôme est évanoui, tu ne connais même plus la fureur dans tes moments de fièvre, tu ne connais que la vaillance, et ta fièvre produit l’héroïsme au lieu de l’emportement. Ouvre les yeux, et profite de ta victoire. Tu vas être aimé parce que tu es digne de l’être, et les cœurs les plus insensibles vont s’ouvrir à l’amour fraternel, chaque jour davantage, à mesure qu’ils te connaîtront mieux et que leurs rapports avec toi vont se multiplier dans la vie républicaine. Continue de leur donner cet en-