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lant centre, où le triomphe est pins court, mais plus flatteur, où les sentiers de la fortune sont plus hasardeux, mais plus rapides. Mais le gouvernement actuel de la France n’a point les vues d’avenir dont il se vante ; il sait tout au plus enrégimenter, et il croit organiser. Il a fait de Paris une grande caserne pour ses fonctionnaires et ses troupes, un grand atelier pour les savants et les artistes, une grande hôtellerie pour les provinciaux, avides de venir contempler ces merveilles de la civilisation, dont on ne leur renvoie chez eux que le déchet, et pour les étrangers, surpris de n’avoir rien à voir en France, excepté Paris. Ce gouvernement à idées courtes, absorbé par le soin de dévorer le présent à la hâte, a trouvé plus sur et plus facile, pour arriver à son but, de concentrer toute la France sur un seul point, où, couchée comme sur un lit d’agonie, la main dans celle du médecin empirique, et l’oreille fermée aux bruits du dehors, elle se laisse saigner, médicamenter, et dicter même les articles de son testament, sauf, en cas de révolte à expérimenter l’excellence de ces bastilles, qu’on lui a persuadé d’élever à ces frais. Vraiment ces moyens sont habiles, pour un médecin pressé d’en finir avec le moribond. Mais que deviendra-t-il, quand il se verra seul au milieu du cimetière rempli de ses malades, irrévocablement persuadés et soumis ?

Vous qui appréciez grandement et lumineusement les causes et les effets de nos malheurs publics, dites-nous, apprenez-nous le principe de ce divorce effrayant entre la France et son œuvre, entre la patrie