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fraternellement avec tes égaux de toutes les classes ; car la République, cette arche sainte de l’alliance, sous les ruines de laquelle désormais nous devons tous périr plutôt que de l’abandonner, la République, cette forme par excellence des sociétés durables, proclame et consacre devant l’univers, qu’elle prend à témoin de son serment, l’égalité des droits de tous les hommes. Tu vas régner, tu vas être initié aux-lumières de ceux de tes frères qu’hier encore on appelait tes maîtres. Tu vas, en échange de la science sociale qu’ils avaient en vain cherchée sans toi, mais dont ils possèdent les éléments tout préparés, leur donner la lumière de ton âme, qui est toute d’instinct, et dont la pureté n’a été ternie par aucun sophisme.

Ne t’y trompe pas, ô peuple ! les savants du siècle ne savent pas tout. Quelques uns ont menti : plusieurs ont cherché avec sincérité ; beaucoup se sont trompés, en cherchant trop loin une vérité qui était proche ; aucun, à l’heure qu’il est, ne pourrait sans crime ou sans folie, te dire qu’il possède la vérité absolue. Et comment le pourrait-il ? où l’aurait-il donc trouvée ? Est-elle dans les livres ? Oui, jusqu’à un certain point. Elle est dans les religions, dans les traditions, dans les grandes œuvres de l’esprit humain, dans les enseignements de l’histoire, dans les inspirations de la conscience individuelle, comme dans l’action éternellement progressive et collective de l’humanité ; mais elle y est d’une manière incomplète, tantôt trop abstraite, tantôt trop relative. Elle ne s’y trouve point formulée pour l’application immédiate ; elle n’est pas