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je crois qu’ils sont peu nombreux et peu forts. Cependant il ne faut pas fermer absolument les yeux sur le mauvais vouloir de ces hommes, ils peuvent égarer des hommes de bien, que les hommes de bien s’en préservent et ne se laissent pas sacrifier à des ambitions hypocrites et folles. Qu’ils ne se rendent pas solidaires des crimes qu’ils réprouvent et qu’ils ont châtiés en chassant la royauté et ses favoris. Qu’ils ouvrent franchement les bras au peuple et qu’ils l’aident à se gouverner lui-même sagement et généreusement. Autrement, nous marcherons à l’anarchie à laquelle le peuple opprimé et misérable ne risque guère, et où les intérêts de la classe moyenne risquent tout.

Pour que les élections satisfassent le peuple, il est de toute nécessité que le peuple soit personnellement représenté à l’assemblée de la nation ; ce serait une faute énorme que de ne pas admettre en principe et de ne pas encourager en fait l’élection de deux citoyens au moins par département, choisis dans le sein même du peuple : un ouvrier des villes et un paysan. C’est un acte politique dont les esprits purement politiques sentiront l’importance. C’est une satisfaction, une garantie à donner à ce peuple qui a conquis ses libertés avec vous, qui ne les eût peut-être pas conquises aussi aisément et aussi vite sans votre concours, mais qui les eût conquises pourtant avec quelques journées et quelques barricades de plus. C’est un honneur qu’il saura bien se donner à lui-même, mais qu’il revendiquera avec énergie si vous le lui disputez. Et pour-