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de la grandeur et de la noblesse qu’elle confère à l’homme. La fierté de chaque citoyen serait blessée et avilie par une protestation contre le principe qui fait de lui le soutien, l’égal, le frère de tous ses semblables.

Tout homme de bien se réjouira au contraire, tout homme de bien se consacrera de toute son âme et de tout son cœur à une œuvre qui lui fait trouver sa dignité et sa sécurité dans une alliance indissoluble, dans une communauté d’intérêts avec la société entière. Avec le régime que nous venons de détruire par l’aide de Dieu et la volonté de la providence, le riche était aussi malheureux que le pauvre. Ces deux classes se sentaient dangereuses, hostiles l’une à l’autre. Le pauvre craignait la trahison et la tyrannie du riche, le riche craignait la colère et la vengeance du pauvre. Ses nuits étaient souvent sans sommeil. Il pouvait craindre de trouver un voleur et un assassin dans tout homme pressé par la faim.

Cet état de choses contre nature doit cesser prochainement, et il cessera nécessairement aussitôt que des lois sages et grandes assureront l’existence et le travail à tous les Français. Les classes aisées auront l’honneur de prendre l’initiative, et l’intervention de la garde nationale de Paris entre le roi et le peuple est une manifestation non équivoque de la raison et de la sagesse de la classe moyenne.

Paris vient de donner un grand exemple au monde. Paris est la tête, le cœur et le bras de la France. Et, quand je dis Paris, je n’entends pas localiser l’action