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main est le symbole de la conscience du genre humain. On vous demande d’avoir l’Évangile devant les yeux, et de ne pas vous tromper, en abaissant votre droite paternelle sur la tête des meurtriers. Resterez-vous immobile par prudence ? Engagé dans le labyrinthe de la diplomatie, bornerez-vous votre action à gouverner sagement un petit peuple, et n’aurez-vous pas un mot de blâme ou d’appui à mettre dans la balance des décisions humaines ? Vous qu’une longue habitude du genre humain proclame l’arbitre par excellence, l’avocat de Dieu sur la terre, aurez-vous deux poids et deux mesures pour les attentats commis contre l’humanité ? Les foudres du Vatican sont-elles à jamais éteintes pour les têtes couronnées, et ne frapperont-elles plus que les faibles et les proserits ? Hélas t s’il en était ainsi, vous ne seriez plus chrétien, et vous ne seriez pas même philosophe à la manière de Voltaire, car Voltaire plaida pour Calas, comme vous avez à plaider pour la-Pologne, pour l’Irlande, pour la France, pour l’Italie, pour le monde !

Mais espérons que les nobles intentions de Pie IX sauront triompher de tous les sophismes, et que, quand cet homme de bien aura expérimenté la mauvaise foi et la perfidie des puissances, ses bons instincts, égarés seulement par une prudence erronée, reviendront à la vérité. Il aura bientôt éprouvé cette foi punique, de la diplomatie, qui a toujours perdu les grands caractères des chefs des peuples, et paralyse l’élan de la vie chez les nations. Bientôt il sera enveloppé dans ce dilemme à l’ordre du jour, que le gouvernement,