Mazzini, ce noble exilé, dont tout le monde connaît l’histoire, n’est pas seulement un héros de dévouement et de courage : c’est une grande et pure intelligence, claire comme le soleil de l’Italie, et droite comme la vérité. Il écrit le français et l’anglais comme l’italien, qu’il écrit admirablement. Il est donc bien à regretter qu’il n’ait pas traduit lui-même dans notre langue l’écrit remarquable que j’ai l’honneur de vous communiquer. Mais, pour éviter des retards, je me permets de le traduire moi-même, sans prétention et
à l’excommunication du pape la manifestation de M. Joseph
Mazzini. Nous comprenons que l’Autriche ne puisse voir avec
plaisir la réconciliation de deux choses qui ont paru jusqu’à présent
ennemies, la liberté et la religion, le peuple et la papauté.
Mais nous félicitons de sa démarche M. Mazzini, sans toutefois
approuver toutes les idées de sa lettre, précisément parce que nous
y voyons la confirmation de ces heureuses tendances qui, en
Italie, réunissent peuples et princes dans un même but, font pactiser
des idées trop longtemps proscrites, avec les pouvoirs établis,
et changent la lutte en concours. Tout ce qui se rapproche, dans
la Péninsule des éléments jusqu’à présent divisés, porte nécessairement
ombrage à l’Autriche. À ce point de vue, nous ne
nous étonnons pas des injures dont son organe semi-officiel
poursuit M. Mazzini pour sa démarche auprès du saint-père. Il
est vrai que, si l’Observateur autrichien voit dans M. Mazzini le
chef d’une faction qui n’exclut pas même l’assassinat comme moyen
dans ses tentatives de bouleversement, en revanche il fait du
gouvernement qui a organisé les massacres de Milan, l’expression
la plus élevée et le symbole même de la nationalité italienne.
On ne peut jeter au bon sens et à l’humanité un plus audacieux
démenti. George Sand, a traduit lui-même la lettre du patriote
italien, et l’a accompagnée de réflexions chaleureuses et écrites
dans ce style éloquent qui lui appartient. Nos lecteurs liront
avec un égal plaisir la lettre et le commentaire.
Note du Constitutionnel, 7 février 1848.