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châtiments entraînent les attentats que la politique semble conseiller ; quels prodiges peut accomplir la foi ; à quels forfaits peut descendre le fanatisme, et par quelles réactions fâcheuses sont punies les fureurs de l’action ! Quand on se borne à étudier un individu, rien ne semble plus inconséquent que la nature humaine, et, quand on prend pour base d’un système quelconque l’histoire de cet individu, on est effrayé de l’injustice apparente de cette Providence tant vantée ; Mais, quand on prend pour objet de l’examen, l’action et la destinée collective d’un peuple, on retrouve le doigt de Dieu, c’est-à-dire la logique éternelle qui préside à l’ensemble, et qui affranchit ou enchaîne, fait marcher ou reculer, tomber ou ressusciter le progrès général selon que les instruments de ce progrès ont le sens du vrai oblitéré ou purifié. C’est dans la succession des événements terribles que l’on découvre les grandes lois du droit et du devoir, et que le lien des effets et des causes ressort avec une solennelle évidence : aucun bien ne résultant du mal, aucun mal n’étant capable d’étouffer l’effet du bien. Cette effroyable mêlée de la Révolution, contemplée du haut d’un esprit philosophique et d’une conscience saine, devient claire et palpable comme une démonstration mathématique.

Voilà la chose capitale que le proscrit de 1848 a su faire. Il a étudié cette page sanglante et glorieuse, illisible pour ceux qui l’écrivirent avec leur sang, et longtemps obscure pour nous leurs fils. Il l’a éclairée du jour splendide de la grande morale, si méconnue de tout temps dans certaines régions politiques. Il n’a