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LES PAYSANS.

Non, le pauvre homme ! un bonhomme, un brave homme, vrai !…

LE CURÉ.

Eh bien, mes amis, il a une grande répugnance pour le dépôt de mendicité. Il est habitué à vous, comme vous l’êtes à lui ; il aime nos campagnes, nos chemins, nos maisons, le clocher de notre village.

UN PAYSAN.

Oui, il est de notre commune, et nous l’avons nourri depuis dix ans sans lui reprocher le pain qu’il mangeait.

LE CURÉ.

C’est pour cela qu’il vous aime et qu’il mourra de chagrin s’il vous quitte.

LES PAYSANS.

Nous n’exigeons pas ça.

LE CURÉ.

Oui, mais la mendicité est interdite aujourd’hui dans notre département, vous le savez bien.

LES PAYSANS.

Il n’a qu’à mendier en cachette.

LE CURÉ, en souriant.

Et vous dites cela devant notre ami le gendarme dont le devoir est de l’empêcher !

UN PAYSAN.

Oh ! nos gendarmes sont de bons enfants ! ce sont des hommes comme nous, et pas plus méchants que d’autres.