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celui qui redoute le plus le travail et pour qui le travail est la pire des ressources.

LE GENDARME.

Il y a bien quelque chose de vrai dans ce que tu dis ; mieux le cavalier est monté, plus il avance ; mais celui qui a un cheval malade ou estropié est bien sûr que personne ne l’aidera à regagner les rangs ; tant pis pour lui ! le monde tout entier est fait comme ça. Ç’a toujours été de même et ça ne changera jamais»

LE MENDIANT.

C’est comme il plaira à Dieu ! mais vous voyez bien pourtant que ça change et que ça change en mal, puisque le pauvre devient chaque jour plus malheureux, et que la condition de porte-besace, qu’on regardait comme la dernière de toutes, est à présent insupportable avec vos dépôts de mendicité, c’est-à-dire vos prisons pour les malheureux. Oui, oui, la monde devient pire qu’il n’a été, et la charité s’en va tout à fait. On nous a donné jusqu’ici, à nous autres infirmes nécessiteux, le pain sans condition. À présent, on nous le donne à la condition que nous nous constituerons prisonniers et que nous travaillerons. C’est barbare !

LE GENDARME.

Mais c’est un travail fort doux qu’on vous impose. C’est seulement une occupation pour vous empêchez de vous ennuyer et de vous quereller. On vous fera tourner un rouet ou tricoter des bas, ou moins encore, je ne sais quoi enfin, quelque petit métier qui ne tous fatiguera pas et que vous apprendrez en vous amusant.