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rais me manquer à moi-même, si je lui refusais mon concours.

» Tous les membres du clergé n’ont pas oublié qu’ils sont citoyens français. Les propriétaires les plus prudents comprennent que la misère publique les menace, et le grand nombre des hommes de la classe moyenne n’apportent pas les répugnances qu’on leur suppose à voir améliorer le sort des prolétaires.

» Mais qui suppose cela, ce n’est pas nous, c’est l’esprit du Gouvernement ; c’est pour son plaisir que le Gouvernement ferme l’oreille aux cris de la misère et du désespoir. Eh bien, dites hardiment à ceux qui gouvernent qu’ils se trompent et qu’ils font injure à la France. La petite bourgeoisie, c’est-à-dire la grande, puisque c’est la majorité, n’est pas solidaire des intérêts sordides d’une poignée de capitalistes qui corrompent ou effrayent le pouvoir. Non, les hommes ne sont pas si méchants, et ceux qui ne sont pas très bons, sentent tellement la puissance d’une opinion fondée sur la justice, qu’ils rougiraient de s’élever contre les justes réclamations du pauvre. On ne s’attache pas les hommes en leur prêchant la doctrine du mal. On les égare, on les avilit un instant ; mais la voix de Dieu est plus forte que celle du mensonge. Elle parle au fond des consciences et il arrive bientôt qu’une nation méprisée au point d’être gouvernée par la corruption, s’indigne, se relève et méprise à son tour les idées monstrueuses qu’on a voulu lui suggérer. Si je ne me trompe, la pétition sera surtout signée dans les campagnes par les propriétaires. Ceux-là, seuls,