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» — Nous ne sommes pas des plus maleureux ; est-ce que nous n’aurions pas l’air, en signant, de réclamer pour nous-mêmes des secours dont tant d’autres ont plus besoin que nous ?

» À ceux-là, il n’y a qu’un mot à répondre :

» Lisez la pétition.

» Les riches de bonne volonté demandent qu’on s’occupe des pauvres ; n’est-ce pas le devoir des riches ?

» — C’est juste, répond le bon cultivateur. »

Et il signe.

Mais, hélas ! combien peu dans nos campagnes, savent, je ne dis pas lire et écrire, mais seulement signer leur nom ! les petits enfants vont à l’école, même les pauvres. Mais l’école est loin de toutes ces chaumières, et elle n’est pas gratuite. C’est un énorme sacrifice pour la famille. On le fait cependant, et on persévère lorsque l’enfant montre un peu d’aptitude. Avec quelle rapidité le peuple s’instruirait, si on lui en fournissait les moyens ! On ne sait pas assez tout ce qu’il y a de bon sens et de bon vouloir dans ces âmes fortes et patientes.

Nous avons des curés très orthodoxes, très peu anarchistes, qui signent la pétition et la colportent dans les hameaux pour la faire signer à ceux qui le peuvent ; ces sages pasteurs ne concevraient pas qu’une demande si légitime pût éveiller des soupçons et rencontrer des obstacles.

Le nôtre nous a dit :

« — La cause des malheureux est sacrée, et je croi-