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Le messie ! Je vous vois sourire à cette expression empruntée au langage mystérieux et poétique du peuple. L’un de vous m’accusait de répéter les idées d’un philosophe dont je me ferais gloire d’être le disciple, si, pour mériter le titre de disciple d’une grande intelligence, il ne fallait pas beaucoup plus de science et d’aptitude que je n’en possède. Eh bien, je vous répéterai du moins ses propres paroles à propos des révélateurs mystiques et des personnifications messiaques que quelques imaginations exaltées ont peut-être rêvées dans ces derniers temps. Ce sera notre réponse aussi à ceux qui nous demandent avec ironie ou naïveté s’il faut prendre un bâton blanc et aller prêcher dans les villages.


« Il est bien entendu que, lorsque nous parlons d’avenir religieux pour l’humanité, ce n’est ? pas que nous attendions un messie, que nous pensions, comme certains, que ce messie est déjà venu, et qu’il a laissé en mourant un code religieux à l’humanité ; comme certains autres, que le messie est maintenant vivant et accomplit son œuvre qui n’est encore entendue que d’un très petit nombre, mais qui se manifestera un jour à tous ; comme d’autres, enfin, que le xixe siècle siècle ne peut être qu’une préparation et que le messie viendra plus tard.…

» Loin que nous ayons en vue de telles rêveries, notre manière de considérer la politique ne diffère nullement, au point de départ, des opinions universellement répandues sur ce sujet. Nous voyons le