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devoirs. Ils nous ont parlé vaguement, les uns des traditions de fa Révolution, sans nous dire à laquelle des vingt ou trente idées qui se sont succédé dans l’œuvre de la Révolution nous devions nous rattacher. Les autres nous ont répondu avec bonne foi : « Vous avez l’Évangile, tirez-en ce que vous pourrez, » sans nous expliquer les contradictions apparentes qui se trouvent dans l’Évangile, sans nous dire quelle sera l’interprétation de l’Évangile et comment ses plus sublimes préceptes pourront se fixer dans les institutions politiques.

Nous ne sommes donc pas satisfaits et nous ne nous trouvons pas éclairés. Cependant on nous disait d’agir, et nous agissions ; cependant on nous disait de répandre notre sang, et nous répandions notre sang et nos larmes. Depuis les guerres de la République jusqu’aux jours de Juillet, je ne pense pas qu’on ait eu beaucoup à se plaindre de l’inertie et de la méfiance des simples et des ignorants. En récompense, nous espérions un dogme de la liberté, de la fraternité, de l’égalité. Un dogme, entendez-vous ? Nous ne demandions pas autre chose, comptant sur nous-mêmes pour le reste, ou sachant nous résigner à attendre le règne de la vérité.

Qu’on ne nous ait pas donné ce dogme, nous n’en sommes pas surpris et nous n’accusons personne en particulier de n’avoir pas fait l’impossible. Mais nous accusons tout le monde de ce que les idées ont fait si peu de chemin pour nous, et de ce que ceux qui disent les posséder ont pris si peu de peine pour les popu-