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Mais, de ce que nous n’avons pas la science, il ne résulte pas que nous n’ayons pas le droit de demander et de chercher la science. Le temps n’est plus, ou, grâce au privilège des aristocraties et aux arrêts du catholicisme, l’ignorance était considérée comme un bagne à perpétuité, et l’examen comme un crime qui méritait la hache ou le bûcher. Nous savons qu’il existe encore certains préjugés, certains intérêts qui repoussent comme une insurrection dangereuse le progrès de certain sexe ou de certaine classe. Mais ceux à qui nous répondons sont, nous n’en doutons pas, les généreux partisans de toute émancipation intellectuelle. D’ailleurs, si nous n’élevions pas la voix comme femme, nous aurions encore le droit de le faire comme peuple ; car, outre que nous tenons indissolublement au peuple par le sang qui coule dans nos veines, nous voyons la cause de la femme et celle du peuple offrir une similitude frappante qui semble les rendre solidaires Tune de l’autre. Même dépendance, même ignorance, même impuissance les rapprochent ; même besoin d’enthousiasme facile à exploiter, même élan impétueux et sans rancune prompt à s’enflammer, prompt à se laisser vaincre par l’attendrissement, même vivacité d’imagination, même absence de prévoyance, même témérité ignorante des dangers et impatiente des obstacles, même mobilité, mêmes emportements, même résignation, mêmes orages, même ignorance des intérêts personnels les plus sérieux, même exclusion des intérêts sociaux. Et cette similitude s’explique par un mot, le manque d’in-